Un Real Madrid – Juventus n’est jamais anodin. Encore moins quand il s’agit d’un huitième de finale de la première édition de la Coupe du Monde des Clubs, entre deux géants en quête de repères. Pour Pedja Mijatovic, ce duel renvoie forcément à un soir de mai 1998. Celui où, dans l’arène d’Amsterdam, il offrait au Real Madrid sa septième Coupe d’Europe après 32 ans d’attente. Un but devenu mythique, un geste devenu symbole.
Dans une interview accordée à la FIFA, reprise par Mundo Deportivo, Mijatovic est revenu sur cette finale : « Ils étaient ce que le Real Madrid a été ces dix dernières années », dit-il de la Juve. « C’était leur troisième finale consécutive, nous, on sortait de trois décennies de frustration. La pression était énorme. Si on perdait, on restait les types qui avaient échoué là où tout le monde nous attendait. » Cette tension, il l’a ressentie jusqu’au bout. Puis, l’instant est arrivé.
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Mijatovic à Amsterdam, un but pour l’éternité
« Je l’ai vu un million de fois », confie-t-il avec un sourire. À la 66e minute, Mijatovic profite d’un ballon mal repoussé pour ajuster Peruzzi d’un crochet et d’un tir croisé du gauche. Un but instinctif, rapide, dans un angle fermé, qui change tout. « C’est le plus important de ma carrière, et sûrement l’un des plus décisifs de l’histoire du club. J’ai eu très peu d’espace et encore moins de temps. Heureusement, j’ai bien réagi. »
Le Monténégrin n’oubliera jamais cette soirée, pas plus que les anecdotes qui l’ont suivie. Comme celle de Manolo Sanchís, capitaine ce soir-là, qui lui glissa après le match : « Merci, maintenant je peux répondre à mon père quand il parle des Coupes d’Europe gagnées. Moi aussi, j’en ai une. » Avec ce but, Mijatovic a ouvert la voie aux succès à venir : la huitième, la neuvième, puis l’ère galactique et la dynastie Zidane.

Le fameux but de Mijatović qui a donné la 7ème Ligue des champions au Real Madrid (Photo by Gerd Scheewel/Bongarts/Getty Images)
Xabi Alonso, dans les pas des géants
Aujourd’hui, c’est une autre histoire qui s’écrit. Le Real Madrid a changé de génération, de visage, et surtout de banc. Mijatovic observe avec attention les débuts de Xabi Alonso. « C’est un entraîneur très compétent, il connaît la maison, il a déjà géré des vestiaires compliqués. Il a aussi été le coéquipier de certains joueurs. Ça compte. » Pour lui, Xabi Alonso coche toutes les cases pour réussir à Madrid… même si l’héritage est lourd.
« Après Ancelotti, ce n’est pas simple. Mais Xabi a une vision claire et ça se voit match après match. L’équipe progresse, les automatismes se mettent en place. Et à Madrid, il faut aussi un peu de chance. C’est comme ça qu’on écrit l’histoire. » Mijatovic sait de quoi il parle. Il a été joueur, buteur décisif, puis directeur sportif. Et surtout, un nom que personne n’a oublié à Madrid.
Un duel à part
Le huitième de finale face à la Juventus ce mardi n’aura ni le décor ni la dramaturgie d’Amsterdam. Mais le poids de l’histoire, lui, sera bien là. « Madrid cherche à se réinventer. La Juve aussi. Ce sont deux clubs en quête de leur grandeur passée. Ce match peut marquer un tournant. » Le héros de 1998 le sait mieux que personne : parfois, un seul but suffit pour tout faire basculer.