Deux clean-sheets consécutifs, un maigre but sur les trois premiers matchs de la saison. Un bilan comptable de bon augure pour le Real Madrid de Xabi Alonso. Et ce, notamment après les avaries sous Carlo Ancelotti la saison dernière. Mais ce samedi à domicile, un Majorque sur le papier insignifiant a exposé au grand jour une carence de l’arrière-garde blancos : le domaine aérien !
De l’ouverture du score sur corner aux insistantes remises de la tête du duo Muriqi - Joseph. La charnière Militao - Huijsen n’a jamais réellement su fermer boutique dans les airs. Une vis à resserrer d’urgence ! Avant que les Lewandowski, Haaland, Ekitiké ou encore Vlahovic profitent de cette avarie ?
Un pressing inutile
Samedi soir, Jagoba Arrasate a tenté un coup tactique face au mastodonte Merengues. D’un point de vue défensif, l’habituel bus que ne cesse de rencontrer le Real Madrid en ce début de saison a été reconduit. L’idée est semblable à la plupart des outsiders des Blancos en Liga : défendre coûte que coûte et jouer les contre-attaques à fond. Mais là où la grande majorité des entraîneurs privilégieraient des flèches devant, Jagoba Arrasate a préféré une autre option.
Le duo Militao - Huijsen brille sans ballon par sa vitesse. Sur terre, il est donc difficile de les déborder. Alors pourquoi pas passer par les aires ? Dans ce 5-3-2 majorquin, la doublette de devant était composée des deux tours : Muriqi et Joseph. Un pari plus que payant, notamment en première période. Car que cela soit dans le domaine de la relance ou de l’attaque, ce duo a posé bon nombre de problèmes à la charnière du Real Madrid.
La contre-pression et, de manière générale, le pressing représentent sûrement l’une des grandes nouveautés de cette Casa Blanca made in Xabi Alonso. Oviedo en avait fait les frais, notamment du fait qu’à la relance, ces derniers étaient coincés. Pas assez technique pour ressortir court et pas assez véloce pour prendre de vitesse le bloc haut Blancos. Majorque savait pertinemment que techniquement, cela serait dur de ressortir proprement. Les visiteurs ont ainsi opté pour une solution tant simple qu’efficace : chercher leur avant-centre sur de longs dégagements.
Et cela a fonctionné ! La charnière du Real Madrid n’a quasi rien pu faire face au décrochage à tour de rôle du duo Muriqui - Joseph. Si ce n’est les gêner du mieux qu’ils pouvaient. La première ligne de pression Merengues éliminée, les avant-centres visiteurs n’avaient plus qu’à vêtir leur meilleure veste de pivot. Tête pour écarter sur l’aile avant de plonger dans la surface. Tout ça, pendant qu’un bloc Blancos essayait désespérément de boucher les brèches.
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Une complémentarité à trouver au Real Madrid
Être en retard, pas assez agressif sur les décrochages des avant-centres adverses, c’est une chose. Mais éprouver d’importantes difficultés à les contenir sur attaque placée ou encore sur coup de pied arrêté. Directement, cela pose d’importantes questions au sujet de la complémentaire des centraux. Et de manière générale sur la pluralité des profils au Real Madrid. Cette errance au marquage de Muriqi lors de l’ouverture du score sur corner, comme symbole d’une carence à combler.
Si la signature de Dean Huijsen a rafistolé bon nombre de brèches dans l’arrière-garde merengue. La défense des aires ne représente l’une de ses principales qualités. Attention, il nous l’a encore montré sur le but de Güler samedi dernier : d’un point de vue offensif, l’international espagnol sait user de son mètre 91 à bon escient. Sans ballon toutefois, la donne est différente.
Une asymétrie déjà visible par séquence à Bournemouth. Loin d’être handicapante néanmoins, grâce notamment à la complémentarité que lui offrait Zabarnyi. Les combats agressifs sur les avants-centres de Premier League, les bonnes lectures sur les centres adverses… Toutes ces tâches étaient celles de l’Ukrainien, quand Dean Huijsen représentait davantage une seconde lame de luxe. Bien sûr, le numéro 24 est encore jeune et va progresser dans ce domaine.
Mais à l’instant T, il ne représente une solution fiable face au grand buteur adverse. Un rôle qu’Éder Militao peine lui aussi à endosser. En veut pour preuve la correction que Robert Lewandowski lui avait infligée lors de la débâcle 4-0 la saison antérieure. Seul l’Antonio Rüdiger 2023-2024 semble pouvoir pallier cette problématique. La question désormais est de savoir s’il pourra un jour retrouver cette agressivité, ce niveau de jeu. En attendant, le Real Madrid va marcher sur un fil en attendant la possible signature de Konaté.
Alexis Gallot