Logo
Loading...

Xabi Alonso ou le management de fer qui brise le confort des stars

18 novembre 2025Rédaction Le Journal du Real
MADRID, SPAIN - NOVEMBER 01: Xabi Alonso, Head Coach of Real Madrid, looks on prior to the LaLiga EA Sports match between Real Madrid CF and Valencia CF at Estadio Santiago Bernabeu on November 01, 2025 in Madrid, Spain. (Photo by Denis Doyle/Getty Images)

ÉDITORIAL - Xabi Alonso impose une rigoureuse discipline qui froisse certains egos depuis le début de saison. Pourtant, les bons résultats et la solidité retrouvée du Real Madrid donnent raison au technicien basque face aux caprices de quelques cadres.

Xabi Alonso ne laissera personne dicter sa loi, pas même les cadres les plus influents du vestiaire. Depuis quelques semaines, des bruits de couloir de plus en plus audibles et désagréables fuitent depuis les murs de Valdebebas. Des murmures de mécontentement, des grimaces ostensibles lors des séances physiques, des regards noirs lors des remplacements ou des mises en place tactiques… Il semblerait que certains poids lourds du Real Madrid, habitués à un certain standing, trouvent que leur nouvel entraîneur leur en demande trop. Que les séances vidéo soient trop longues, que la charge de travail physique soit trop intense, que la rigueur tactique bride leur sacro-sainte «liberté» créative.

À ces plaintes feutrées de millionnaires, il n’y a qu’une seule réponse valable, celle de l’exigence : regardez le classement et taisez-vous. Il est grand temps de rappeler que l’excès de confort n’a jamais permis de remporter une Ligue des Champions, et que l’écusson du Real Madrid exige l’excellence, pas la complaisance.

Il est bien trop facile d’avoir la mémoire courte. Souvenons-nous, avec honnêteté, de la fin de saison dernière sous Carlo Ancelotti. Si l’Italien est une légende absolue du club et un gestionnaire d’hommes hors pair, sa dernière année a laissé un goût amer de laisser-aller coupable. Le vestiaire, autogéré par des sénateurs en fin de cycle, avait perdu cette faim insatiable qui représente l’ADN du club. Les replis défensifs étaient devenus optionnels pour les stars de l’attaque, le pressing était inexistant, et l’équipe se reposait uniquement sur des exploits individuels pour masquer un vide collectif béant. Le contraste avec l’ère actuelle est saisissant : aujourd’hui, le Real Madrid a un plan, une structure, une discipline et une identité claire.

C’est précisément pour casser cette dynamique de déclin insidieux que Florentino Pérez a fait appel à l’ancien milieu de terrain. Le président ne cherchait pas un ami pour les joueurs, mais un architecte. Et les faits sont têtus, ils écrasent les états d’âme : le technicien basque a réalisé le meilleur début de saison du club depuis 64 ans jusqu’au déplacement à Anfield. Certes, il y a eu ce revers, puis ce récent match nul haché contre le Rayo Vallecano, un duel piège par excellence.

Mais loin d’être un échec, ce résultat à Vallecas sonne comme un rappel à l’ordre salutaire : il prouve que sans l’intensité et la rigueur maximales exigées par Alonso, la Liga ne se gagne pas toute seule. Avec 13 victoires en 16 matchs, le bilan reste très convaincant. Les accrocs (Atlético, Liverpool, Rayo) ne sont que des incidents de parcours qui valident la nécessité de ne jamais relâcher l’effort.

Xabi Alonso a transformé le jeu… et la défense

Au-delà des points, c’est bien le contenu qui valide la méthode et ridiculise les critiques internes. Sous la houlette de Xabi Alonso, le Real Madrid est redevenu une machine cohérente et redoutée. La solidité défensive est remarquable, d’autant que l’entraîneur doit composer avec une véritable hécatombe de blessures majeures (Carvajal, Alaba, Rüdiger). N’importe quel autre coach aurait cherché des excuses. Lui a construit un système. Malgré ces absences, le bloc équipe ne se fissure pas, preuve que la structure protège les individualités. La rigueur tactique imposée par le Basque permet de compenser les manques et de rendre l’équipe hermétique, là où elle prenait l’eau de toutes parts par le passé dès qu’un cadre manquait. Avec dix buts encaissés en douze journées, le Real Madrid affiche la première défense de Liga (à égalité avec Villarreal).

Sur le plan du jeu, l’évolution est tout aussi flagrante et moderne. Le Real Madrid ne subit plus en attendant un miracle ; il dicte le tempo. Le pressing haut, travaillé inlassablement à l’entraînement au grand dam de ceux qui préfèrent trottiner et attendre le ballon dans les pieds, étouffe les adversaires et permet de récupérer des ballons dangereux très haut. Cette intensité demeure la seule voie possible pour exister au sommet du football européen face à des équipes comme Manchester City ou le Bayern Munich. Remettre en cause cette exigence alors qu’elle produit un football dominant, efficace et vainqueur est une aberration sportive absolue.

L’adaptation ou l’exil

Quand l’on entend que certains joueurs regrettent la «liberté» d’antan, on a envie de leur dire que cette liberté se mérite par des kilomètres parcourus et des duels gagnés. L’entraîneur l’a compris et l’applique sans concession avec sa dictature du mérite. Ceux qui ne courent pas ne jouent pas, quel que soit le nom floqué au dos du maillot. L’éclosion de jeunes talents disciplinés et affamés comme Arda Güler, Álvaro Carreras ou Raúl Asencio prouve que le système fonctionne à merveille pour ceux qui se mettent au service du collectif. Ces jeunes ne se plaignent pas de la charge de travail ; ils l'embrassent car ils veulent gagner.

L’exemple le plus frappant de ce choc des cultures reste la sortie explosive de Vinícius Jr lors du Clásico. Loin d’un simple agacement, les caméras ont capté une colère noire, le Brésilien lâchant des mots lourds de sens. Certains médias évoquant même un « Je quitte cette équipe ! » hurlé sous le coup de la frustration, avant qu’il ne file directement au vestiaire sans un regard pour son coach. Ce genre de psychodrame public, toléré par le passé au nom du génie individuel, constitue l’antithèse absolue du Real Madrid de Xabi Alonso.

Ces sautes d’humeur ne fragilisent pas l’entraîneur, bien au contraire : elles exposent un manque de maîtrise que le technicien basque est décidé à corriger pour le bien suprême du collectif. Si certains «intouchables» ne sont pas prêts à accepter que le coach demeure le seul patron à bord, le problème ne proviendra pas du banc de touche. Xabi Alonso est le garant du succès et de l’avenir du club. Aux joueurs de s’adapter ou de partir.

Wacim Benlakehal.

Loading...
Partager:
Loading...