Le Real Madrid ne cède pas dans l’affaire Negreira. La Maison Blanche poursuit avec autorité sa campagne de dénonciation de paiements versés par le FC Barcelone à l’ancien vice-président du comité technique des arbitres (CTA), à hauteur de 7,3 millions d’euros entre 2001 et 2008.
Pleinement engagé dans la procédure judiciaire menée contre le FC Barcelone, le club merengue compte déposer une requête auprès du tribunal de sorte à intégrer une déclaration contradictoire du président catalan Joan Laporta prononcée en 2009 au sein du dossier, comme le rapporte le journaliste Ramon Alvarez de Mon.
Alors que le Barca payait déjà Negreira depuis huit ans environ en échange de rapports techniques sur les arbitres, Laporta affirmait de vive voix que le club ne procédait à aucune relation économique avec le système arbitral. “Le Real Madrid recrute un ancien arbitre ? Je suis sûr qu’ils savent ce qu’ils font, mais de notre côté, nous respectons l’institution et la structure de l’arbitrage, ils font bien leur travail.
Nous ne ferons aucun recrutement de ce type et nous ne connaissons d’ailleurs pas ce marché”, déclarait le président blaugrana. Aux yeux de l’institution de la Casa Blanca, ces propos contredisent clairement l’argument invoqué par le président du Barca aujourd’hui, selon lequel les paiements versés à Negreira servaient à obtenir des “rapports d’arbitrage très utiles”.
D’autant plus que certains versements dépassaient aussi le cadre de l’arbitrage, comme le démontrent certaines factures issues de documents judiciaires de l’instruction en cours. À titre d’exemple, le Barca a versé 60 900 € pour des « packs cadeaux à base d’aloe vera » en 2005. De surcroît, certains paiements ont transité via des sociétés différentes, dont une enregistrée au nom du fils de Negreira pour des “frais de formation”. Une autre société enregistrée au nom de l’ancien dirigeant du Barça Josep Contreras servait des paiements liés à des “travaux de rénovation”.
Des factures de Negreira à Laporta pour des compétitions majeures
Capturés et diffusés par le journaliste Ramon Alvarez de Mon, ces documents judiciaires du parquet espagnol, liés à l’instruction en cours, mettent en exergue quelques factures de paiements du FC Barcelone à Negreira qui posent question.
Des versements ont été effectués pour l’enregistrement de matchs, la sélection et la numérisation des actions des compétitions internationales entre 2010 et 2018, qui incluaient les Coupes du Monde 2010, 2014 et 2018 ainsi que les Coupes d’Europe 2012 et 2016. Le club catalan versait au vice-président de l’arbitrage du football espagnol un montant compris entre 90 750 euros et 145 200 euros à l’occasion de chaque compétition, avant même que celle-ci ne démarre ou alors qu’elle venait à peine de débuter.
Ce qui pose ici un véritable non-sens puisque les dates de facturation indiquent une incohérence majeure sur le plan chronologique. En clair, le Barca payait Negreira pour des services qui ne pouvaient pas encore exister : il était impossible d’enregistrer des matchs non joués, ni de sélectionner des actions de rencontre ou encore de numériser des séquences inexistantes. Ce qui semble alimenter des soupçons sur la véritable nature de ces paiements.
Concrètement, l’état-major blaugrana aurait voulu extraire des séquences arbitrales précises (hors-jeu, pénalty, cartons, etc.) par un travail de découpage vidéo et numériser ces vidéos dans une base de données propice à l’analyse. Le but étant de déchiffrer les exigences disciplinaires des arbitres. Or, ce travail d’analyse de l’arbitrage réalisé par le vice-président du comité technique arbitral espagnol pourrait supposer un conflit d’intérêt majeur.
Les chiffres et les dates de paiement en détail
- 90 750 € pour « l’enregistrement des matchs de l’Euro 2016 et la sélection et numérisation des actions de l’Euro 2016 » au 4 juin 2016 (l’Euro 2016 n’avait même pas encore commencé à cette date)
- 90 750 € pour « l’enregistrement des matchs de la Coupe du monde 2018 et la sélection et numérisation des actions de cette Coupe du monde » au 7 juin 2018 (la Coupe du monde n’avait pas encore commencé)
- 139 200 € pour « l’enregistrement des matchs de la Coupe du monde 2010 et la sélection et numérisation des actions de cette Coupe du monde » au 4 juin 2010 (la Coupe du monde n’avait pas encore commencé)
- 141 600 € pour « l’enregistrement des matchs de l’Euro 2012 et la sélection et numérisation des actions de cet Euro » au 15 juin 2018 (l’Euro venait à peine de commencer et ne s’est terminé qu’en juillet)
- 145 200 € pour « l’enregistrement des matchs de la Coupe du monde 2014 et la sélection et numérisation des actions de cette Coupe du monde » au 17 juin 2014 (la compétition venait de commencer et ne s’est terminée que le 13 juillet)
Aris Aid











