Aurélien Tchouaméni : milieu défensif du Real Madrid et plus encore ?

À son arrivée au Real Madrid, il n’a pas fallu longtemps à Aurélien Tchouaméni pour se faire une place de titulaire. À 23 ans, le milieu peut devenir encore plus fort, mais où doit-il progresser ?

Tchouaméni

Du côté de Monaco et de Bordeaux, le talent de Tchouaméni se faisait déjà sentir. Bien évidemment, peu de personnes pouvaient imaginer qu’à seulement 23 ans, il serait déjà titulaire au Real Madrid et vice-champion du monde avec la France, mais la vie a souri au natif de Rouen. D’autant plus, il compte déjà plus de 160 matchs en club chez les professionnels, l’équivalent d’environ 3,5 saisons pleines. Il compte aussi 21 sélections avec l’Équipe de France de Didier Deschamps. Une précocité qui impressionne en Espagne, en France et dans le monde entier désormais.

Mais alors qu’il vient de souffler sa 23ᵉ bougie le 27 janvier dernier, où le crack madridista peut-il encore progresser ?

De Casemiro à Kroos, il y a Tchouameni

En défense, il n’y a pas d’inquiétude à avoir. En 2021, à Monaco, les statistiques le désignaient déjà comme le meilleur milieu défensif au monde. Tout du moins, c’est ce que prouvent les données récoltées par Sofa Score sur cette même année. Au niveau des tacles réussis (139) et des interceptions (185), personne n’avait fait mieux que le joueur alors âgé de 21 ans. Du côté des duels gagnés (323) et des ballons récupérés (450), il se place également parmi les meilleurs de la planète football.

En arrivant à Madrid, le joueur n’avait donc plus grand-chose à apprendre dans ce secteur de jeu. Moins impactant sur l’homme et téméraire balle au pied qu’un Casemiro, il est un joueur qui navigue entre l’attaque et le milieu adverse. L’international français lit le jeu de ses ennemis d’un soir, puis il s’y infiltre et le pollue avant d’installer son propre tempo et de distribuer le cuir à ses coéquipiers. Polyvalent, il est autant milieu défensif, que sentinelle ou milieu relayeur.

Selon les occasions, Aurélien Tchouaméni s’adapte surtout à la situation. S’il avait été italien, il n’y aurait eu aucun doute sur le fait que l’actuel Madridista aurait été le plus grand regista de son temps. La seule chose qui lui reste à faire est sûrement d’emmagasiner les matchs au plus haut niveau pour accumuler de l’expérience et perfectionner des aspects qu’il maîtrise déjà pleinement.

Le défensif est acquis, place à l’offensif ?

Avec seulement 11 buts et autant de passes décisives dans sa carrière, l’ancien Girondin manque encore de cran dans le dernier tiers. Depuis ses débuts professionnels, il est décisif tous les 8 matchs, environ. Cette année dans LaLiga, il a délivré 3 passes décisives et pourrait et sa dernière en date est le caviar apporté à Éder Militão face au RCD Espanyol. Quand on observe cette qualité et le peu d’utilisation que le joueur en fait, la question vient tout naturellement. Aurélien Tchouaméni doit-il faire l’effort de se projeter vers le dernier tiers ?

Quand on constate la qualité de la passe adressée au défenseur brésilien, on comprend que le milieu français a la qualité et la capacité de reproduire ce genre de geste. Mais, poser cette question revient à étudier deux autres éléments : en a-t-il l’intérêt et en a-t-il la possibilité ?

Pour ce qui est de l’intérêt, la réponse est évidemment oui. Pour gagner, au football, il faut marquer plus de buts que son adversaire. Cela peut paraître futile de la rappeler, mais tout joueur capable de marquer relativement régulièrement est un avantage. Peu importe le poste, la carrière prolifique de Sergio Ramos et Marcelo à Madrid prouve que tout le monde a sa chance. Avec son profil, le milieu de terrain français pourrait agir de la même manière que le fait Toni Kroos depuis des années, en attendant à l’entrée de la surface afin de tenter un tir puissant ou une passe astucieuse.

D’autant plus, depuis 2018, l’écurie blanche montre des défaillances dans ce secteur. Elle se repose souvent sur des facteurs X (Vinícius Júnior ou Karim Benzema) dont la réussite du groupe repose sur leurs épaules. En 2020, le titre glané dans le championnat espagnol a été marqué par un record du nombre de buteurs différents en une saison. En clair, tous les joueurs de champ avaient marqué cette saison hormis Militão et Odriozola.

La possibilité, elle, dépend surtout de la capacité à assurer défensivement derrière lui. Si le Madridista se projette, il ne doit pas laisser de trou béant au cœur du terrain derrière lui. Quand Sergio Ramos ou Marcelo remontaient, c’était parce que Casemiro était capable de compléter la ligne défensive en urgence. Cependant, le tank brésilien n’est plus dans la capitale espagnole et cet atout a donc disparu de la manche de Carlo Ancelotti. Néanmoins, Aurélien Tchouaméni évolue un cran plus haut que les deux joueurs cités précédemment. Ainsi, cela facilite sa projection vers l’avant.

Sans oublier que l’aile droite mouvante du Real Madrid, quand elle est occupée par Valverde notamment, permet de ralentir les transitions offensives adverses. De manière générale, peu de titulaires actuels à Madrid rechignent à faire les efforts défensifs, surtout dans les phases de contre. Le jeu du Real Madrid, lui, ne semble pas non plus s’opposer à cette évolution du joueur. Ainsi, on peut imaginer que si le cœur lui en dit, Aurélien Tchouaméni aurait tout le loisir de côtoyer un peu plus les 30 derniers mètres du carré vert.

 

Erwan Harzic