Avant le derbi, panique à la relance au Real Madrid ?

David Alaba pourrait faire son retour sur le pré à l’occasion du quart de finale de Copa del Rey face à l’Atlético de Madrid. Ce retour opportun pour le Real Madrid soulagera sûrement les fans, néanmoins, les problèmes connus durant son absence doivent-ils être oubliés pour autant ?

Real Madrid

Le système de relance du Real Madrid est à la peine. Une observation qui inquiète à moins de 48h du derbi prévu ce 26 janvier à 21h. Le dire est une évidence au vu des derniers matchs fournis par les Madridistas, l’expliquer est une autre paire de manches. Sur les réseaux sociaux, beaucoup ont reproché des lacunes ou un manque d’assurance à la recrue allemande de début de saison, Antonio Rüdiger. Plus physique que technique, plus dans le combat que dans le Q.I. Foot, la comparaison entre l’Autrichien David Alaba et lui a fait du mal au joueur.

Rapidement, cette inquiétude s’est transférée aux médias espagnols. Le 24 janvier dernier, le journaliste Tomás Roncero a publié un édito dans AS. S’il ne descend pas directement Rüdiger, supportérisme oblige, il encense un autre défenseur. Souvent présent et efficace dans les moments de doutes, il encense Nacho. Le canterano représente la vitrine d’une formation à la rescousse, un ADN sauvant la tunique blanche. Mais les problèmes de la défense du Real Madrid ne sont-ils pas plus profonds que cela ? Avec un manque visible lors des absences ponctuelles d’Alaba et Tchouaméni, n’y a-t-il pas un problème dans le système de relance du club de la capitale ?

La relance, une solution défensive et offensive

Savoir bien relancer, c’est aussi calmer sa défense. Si cette dernière est sereine, elle sera moins prompte à faire des erreurs. Si elle est efficace, le ballon s’éloignera avec aisance de cette dernière, mieux encore, elle impose le bloc de joueur adverse à revenir vers son but. Pour y parvenir au mieux, il faut de la qualité dans les joueurs alignés. Technique, capable de lever la tête, intelligent : tel est le profil du bon relanceur. Cependant, il serait hypocrite de dire qu’une bonne relance est l’apanage des joueurs de talents.

Ces conditions sont un plus, mais pas un prérequis obligatoire. Par exemple, Julen Lopetegui a toujours réussi à implémenter son système de relance audacieux dans ces formations, sauf… au Real Madrid. Dans un club où trois Ligue des champions venaient de s’aligner, la qualité ne manquait pas. Surtout quand on sait que c’est bel et bien l’ancien sélectionneur espagnol qui a poussé Marcelo sur le banc, au profil du jeune Sergio Reguilón. Pourtant, Marcelo était au cœur du système de relance du Real Madrid. Un choix trop audacieux pour un club qui ne donne peut-être pas assez de temps aux entraîneurs qui le nécessitent ?

Avec deux centraux droitiers et un latéral gauche capable de repiquer intérieur, Zinédine Zidane comptait sur la fabuleuse lecture du jeu de son Brésilien pour animer sa relance : redoubler avec Toni Kroos, trouver Cristiano Ronaldo, jouer en une deux avec un Karim Benzema capable de redescendre, etc. Bref, les solutions étaient nombreuses et dans la panique, le couloir droit et un Dani Carvajal, ultra-efficace pour remonter rapidement le long de la ligne, faisaient office d’issue de secours. Mais alors, comparé à celle d’avant, en quoi la relance actuelle pêche-t-elle ?

Un Real Madrid new-gen, sans fondation

S’il n’y a pas de panique pour la relève au milieu de terrain, l’apport de la défense Madridista à la relance reste très flou. En revenant à David Alaba, ce dernier était la clé de la relance du Bayern Munich destructeur d’Hansi Flick, avec Joshua Kimmich. D’automne 2019 à juin 2021, l’Autrichien a pris l’habitude de former un axe de relance avec le polyvalent international allemand. Les deux joueurs se comprenaient, se trouvaient, mais surtout, se plaçaient en conséquence pour y parvenir au mieux. Au Real Madrid sauce 2022-2023, cette alchimie s’observe entre Tchouaméni et Alaba, mais des placements efficaces et adaptés semblent manquer collectivement.

On pourrait se demander si les autres défenseurs n’ont pas leurs mots à dire dans cette équation ? Si les noms de Nacho et Rüdiger ont déjà été mentionnés, on peut se tourner vers celui de l’autre titulaire au poste. Éder Militão n’est pas vraiment un joueur de transmission, il préfère se libérer de la pression par lui-même et privilégie souvent les passes faciles. Ces quelques moments de folies se mesurent à des folles chevauchées balles au pied, rien qui n’est capable d’établir un vrai circuit de relance.

Quid des latéraux ? Le tour sera vite fait, aucun des joueurs alignés par Ancelotti cette saison, hormis David Alaba, sur les flancs de la défense, n’a de réelle qualité de relanceur. Ce n’est pas foncièrement un défaut, il suffit juste de varier les profils dans le recrutement. D’autant plus, le manager italien préfère aligner des défenseurs centraux de métier sur les côtés quand l’infirmerie se remplie. Les supporters en sont même venus à demander l’arrivée du (très) jeune Vinícius Tobias sur les feuilles de match. Cependant, dans cette phase de jeu bien précise, ce ne sont pas tant les joueurs qui comptent que la manière dont ils sont utilisés. Et ici, les quelques absences des deux seuls joueurs capables de porter ce secteur ont montré le chaos de la défense madridista.

Les longs ballons, quand la panique règne

Depuis l’arrivée d’Aurélien Tchouaméni, l’Autrichien a deux fois moins recours aux longs ballons, comparés aux données observées sur la saison 2021-2022 de LaLiga. Une donnée qui est aussi, sûrement, due à l’intérêt récurrent des défenses adverses sur Vinícius Júnior, mais qui n’explique pas une telle baisse. Surtout que durant l’absence du milieu de terrain français, le nombre de ballons joués dans la profondeur a explosé. Face à l’Athletic Club en Liga, le chiffre a même défié toute logique en atteignant les 9 tentatives en 90 minutes, contre un ballon joué en profondeur du défenseur par match en moyenne quand Tchouaméni et Alaba sont alignés ensemble. Pourtant, on ne peut pas dire que le jeune ailier brésilien soit facile à trouver ces derniers temps…

Le circuit de relance du Real Madrid semble ne pas s’adapter à l’absence de ses deux hommes forts. La question est d’autant plus inquiétante, que Carlo Ancelotti n’a visiblement pas trouvé un début de solution. Pire encore, les performances laissent à penser qu’il n’en cherche pas et attend, à chaque absence, le retour de ses joueurs comme les enfants prodiges. Une solution dont la viabilité sur le long-terme peut être questionnée et que le départ de Casemiro a mis en lumière, le tank brésilien ayant permis de mettre ses lacunes sous le tapis. Mais surtout, une autre question se pose : avec un effectif donnant autant de place aux jeunes, Carlo Ancelotti est-il vraiment en train de bâtir quelque chose ?

 

Erwan Harzic